L’année 2024 marque un tournant après 2 ans de crises énergétique. Malgré les conflits politiques en Europe, les difficultés de production d’énergie par EDF, le prix de l’électricité et du gaz naturel est en baisse et stable. Les prévisions 2024 sont optimistes quand à l’évolution des prix des énergies.
Quels sont les prix de l’électricité pour 2024 ?
Un marché de l’électricité stable sur le premier trimestre 2024
En mars 2024, les prix de l’électricité affichent une tendance à la hausse, avec des tarifs pour les années de livraison de 73,22 €/MWh pour 2025, 65,88 €/MWh pour 2026 et 63,21 €/MWh pour 2027. Malgré une disponibilité abondante d’énergie renouvelable, la production nucléaire française est inférieure aux prévisions, impactant les prix sur le marché. Parallèlement, la conception des EPR2 est retardée en raison de l’inflation des matières premières.
Dans l’actualité des centrales nucléaires, un incendie à Chinon a mis hors service deux réacteurs, soulignant les défis de sécurité. L’Union européenne lance une alliance pour accélérer les réacteurs nucléaires modulaires, promouvant une transition énergétique durable. Enfin, le marché des garanties d’origine français enregistre son niveau le plus bas en 23 mois, stimulant la demande pour sécuriser les besoins énergétiques.
Les garanties d’origines en baisse en 2024
Les garanties d’origine françaises ont enregistré une baisse significative, atteignant leur plus bas niveau en 23 mois lors de la dernière enchère. Cette diminution, expliquée par une offre excédentaire, a entraîné des prix jusqu’à 68 % inférieurs au mois précédent, avec des certificats échangés huit fois moins chers qu’en janvier 2023.
Les prix des garanties d’origine ont varié entre 0,83 €/MWh et 1,36 €/MWh lors de la dernière enchère, avec un volume de 4,9 TWh mis en vente, une augmentation de 2,1 TWh par rapport au mois précédent. Cette hausse s’explique par une forte production éolienne et hydroélectrique en novembre 2023, avec des prix cohérents par rapport aux transactions OTC.
Face à cette baisse des prix, les grandes entreprises se préparent en sécurisant leurs besoins, anticipant la volatilité du marché observée en 2022, selon un courtier majeur du secteur.
Bercy lance les « prêts verts »
Garantis par l’État avec un fonds de deux milliards d’euros pour 2024, les prêts verts visent à encourager les entreprises françaises à s’adapter au changement climatique en finançant des travaux comme l’amélioration de l’isolation des bâtiments ou l’installation de circuits de réutilisation de l’eau. Ouverts à toutes les entreprises, ils peuvent atteindre jusqu’à deux millions d’euros, voire deux millions et demi pour les industriels.
Les TPE et PME peuvent dès mars solliciter la Banque publique d’investissement (BPI France) pour des projets dépassant 200 000 euros, tandis que les dossiers de moins de 200 000 euros seront traités par la banque de l’entreprise à partir du 1er juillet. La justification des travaux est nécessaire pour obtenir ce prêt, préféré par Bruno Le Maire à des subventions, dans un contexte où la dépense publique est scrutée.
Prévisions d’évolution du prix de l’électricité en 2024
Prix de l’électricité : l’accord entre l’État et EDF en ballotage
Trois mois après l’annonce d’un accord entre EDF et l’État sur les prix de l’électricité après 2025, le ministère des Finances s’interroge sur la pertinence de ce modèle. Avec la baisse significative des cours de l’énergie observée récemment, EDF conclut moins de contrats que prévu, ce qui pousse le gouvernement à envisager un système de régulation plus poussée des tarifs si la situation ne s’améliore pas, option jusqu’ici refusée par EDF.
L’accord de novembre dernier visait à établir les bases d’une nouvelle régulation de l’électricité nucléaire afin de contenir les factures des consommateurs tout en garantissant la viabilité financière d’EDF. Cependant, avec la chute des prix de l’électricité sur les marchés, EDF a du mal à conclure des contrats avec des industriels et des fournisseurs, car ces derniers exigent souvent des tarifs inférieurs à celui fixé par l’accord.
Une des options envisagées par le gouvernement est le contrat pour différence (CfD), mécanisme écarté précédemment par EDF, qui permettrait de définir un prix plafond au-delà duquel les profits d’EDF seraient prélevés par l’État, ainsi qu’un prix plancher en dessous duquel l’entreprise serait compensée pour la vente de sa production. Cette option est à l’étude alors que le gouvernement se donne jusqu’à l’été pour évaluer la situation et pourrait intégrer le futur cadre de régulation dans le prochain projet de loi de finances.
Une augmentation du prix de l’électricité prévue sur le premier trimestre 2024 ?
Des ajustements significatifs sont à prévoir concernant les taxes liées à l’électricité, notamment en ce qui concerne la Contribution au Service Public de l’Électricité (CSPE). Créée en 2003 dans le but de financer divers services publics liés à l’électricité, la CSPE représente une part substantielle de la facture énergétique des consommateurs.
À partir de l’année 2024, le tarif de la CSPE connaîtra une augmentation notable, passant de 1 €/MWh à 21 €/MWh. Cette hausse marque un retour à un niveau plus proche de celui d’avant la crise énergétique, s’inscrivant dans le cadre des efforts gouvernementaux visant à stabiliser le financement des services publics électriques et à favoriser la transition énergétique.
De plus, le gouvernement prévoit une nouvelle augmentation en février 2025, portant le tarif de la CSPE à 32 €/MWh. Cette progression s’inscrit dans une perspective de réajustement continu pour répondre aux besoins croissants en matière de financement des services publics électriques, tout en encourageant les initiatives visant à favoriser une transition énergétique plus durable.
En parallèle, une augmentation des tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité est également prévue à partir du 1er février 2024. Cette augmentation, fixée à 9,8 % sur les tarifs heures pleines et heures creuses, ainsi qu’à 8,6 % sur les tarifs de base, est en lien avec la fin progressive du bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement pour protéger le pouvoir d’achat des Français.
L’EPR de Flamanville enfin mis en service courant 2024
Le Premier ministre Gabriel Attal a affirmé devant l’Assemblée nationale que l’EPR de Flamanville serait opérationnel en 2024. Cette information a été confirmée par la direction du site lors de ses vœux aux élus manchois. Le calendrier de mise en service se déroulera en trois étapes :
- Chargement du combustible nucléaire en mars.
- Atteinte d’un quart de ses capacités de production à l’été.
- Pleine puissance à la fin de l’année 2024.
Cette date de lancement devait précédemment intervenir au cours de l’année 2023, mais un dernier retard en date a été généré à cause de problèmes au niveau de soudures complexes sur le circuit secondaire du réacteur. Pour rappel, l’EPR de Flamanville deviendra le réacteur nucléaire le plus puissant, parmi l’ensemble des réacteurs en fonction en France, avec une puissance de 1600 MW. A titre de comparaison, le réacteur le plus puissant en exploitation est d’une puissance de 1450 MW.
Cependant, le calendrier pourrait être affecté par les contrôles de sûreté, et la direction du site reste prudente quant au bon déroulement de chaque étape, soumises à de nombreux contrôles notamment de l’autorité de sûreté nucléaire.
Rappel des évolutions du prix de l’électricité en 2023 et 2024
Une stabilisation des prix de l’électricité entre mars et juin 2023 autour de 180€/MWh
Entre mars et juin 2023, les prix de l’électricité sont rentrés dans une phase appelée contango. Cela signifie que les prix spot sont plus avantageux que des souscrits à long terme. Au 2 juin 2023, le prix de l’électricité pour l’année de livraison 2024 s’élève à 152,71€/MWh. Dans le même temps, le prix spot de l’électricité s’établit à 52,01€/MWh, soit une différence tarifaire de 193%. Cela s’explique par des niveaux de production importants de la part des énergies renouvelables (éolien, solaire) qui offrent une meilleure couverture de la demande. Dans le même temps, les températures plus chaudes limitent la demande d’électricité.
On peut constater sur le graphique ci-dessus une oscillation importante des prix sur l’année de livraison 2023, qui illustre les difficultés du secteur à avoir des certitudes à moyen terme. En effet, pour l’hiver prochain, des doutes subsistes sur la capacité de l’Europe à répondre à la demande avec comme unique ressource ses stocks et les livraisons de GNL. De plus, les difficultés autour des centrales nucléaires ajoutent de l’incertitude sur le niveau de production à moyen terme. Entre le 1er janvier 2023 et le 23 mai 2023, le prix de l’électricité pour cette année de livraison a tout de même diminué de 26,76%, signe d’une légère accalmie sur la sécurité d’approvisionnement électrique en France.
Les prix pour les années de livraison 2025 et 2026 sont plus stables, et oscillent sur le mois de mai 2023 autour de 130€/MWh pour 2025, et 110€/MWh pour 2026.
Un prix de l’électricité au plus bas en fin d’année 2023
Les prix du marché de l’électricité pour la livraison en 2025 ont subi une baisse spectaculaire sur le dernier trimestre de l’année 2023, atteignant 92,19€/MWh le 29 décembre 2023. Cette baisse remarquable de 45% par rapport au début de l’année 2023 s’explique par plusieurs facteurs clés :
- La résolution des problématiques concernant les réacteurs nucléaires a entraîné une augmentation significative de la production d’électricité, réduisant ainsi la tension sur le marché et abaissant les prix.
- La baisse des prix du gaz naturel liquéfié (GNL) a également contribué à cette chute des prix. L’électricité est indexé sur le cours du GNL, sa baisse de prix a eu un impact direct sur le coût de l’électricité.
- Une météo de fin d’année exceptionnellement clémente a limité la demande en chauffage, ce qui a réduit la consommation globale d’électricité et exercé une pression à la baisse sur les prix du marché.
Hausse de 77% des autoconsommateurs d’électricité en 1 an
Au 30 juin 2023, 325 939 autoconsommateurs d’électricité individuels sont recensés en France, soit une hausse de 77% des autoconsommateurs par rapport à la même période en 2022. Cette hausse des installations photovoltaïques s’explique par la hausse des tarifs de l’électricité depuis la fin 2021. Au total, 4 départements dépassent dorénavant les 50 MW de puissance installée pour de l’autoconsommation : La Haute-Garonne, l’Hérault, les Bouches-du-Rhône et l’Isère. En plus de ces 4 départements, d’autres départements se distinguent également, avec des puissances installées entre 36 et 47 MW : le Nord, la Loire-Atlantique et le Rhône. Au total, la puissance du parc solaire atteint à la fin du premier semestre 2023 18 GW. Malgré cette embellie, cette puissance installée reste en-deçà par rapport aux objectifs à atteindre d’ici 2050. Pour rappel, la France doit compter entre 92 et 144 GW de puissance solaire sur son territoire.
Quels sont les prix du gaz naturel en 2024 ?
Le prix du gaz naturel continue sa baisse en mars 2024
En mars 2024, le marché du gaz montre une légère reprise après plusieurs semaines de baisse. Les prix du gaz sur les contrats à terme sont en hausse, avec un prix de 28,414 €/MWh sur le CAL 25, 27,272 €/MWh sur le CAL 26 et 26,140 €/MWh sur le CAL 27, restant près de 20% en dessous des niveaux de début d’année. Cette tendance est soutenue par une consommation stable de gaz pour 2024 et 2025, ainsi que par des réserves européennes adéquates. Les niveaux de stockage de gaz de l’UE se situent à 67 %, avec des pourcentages spécifiques en Allemagne (73 %), en Italie (61 %) et en France (54 %).
Les traders surveillent également de près le vote de la Chambre des représentants des États-Unis, attendu cette semaine, qui pourrait annuler le gel des autorisations d’exportation de GNL décrété par l’administration Biden, influençant ainsi le marché du gaz dans les prochains jours.
La CRE a annoncé que le terme tarifaire stockage sera de 139,07 €/MWh/j/an à partir du 1er avril 2024, suite à la souscription quasi-totale des capacités de stockage françaises pour l’hiver 2024-2025 lors des enchères de Storengy et Teréga. Cette phase de commercialisation a généré 450 M€ de recettes, promettant une préparation satisfaisante pour l’hiver à venir.
Nouveau tarif ATRD7 : une hausse prévue en juillet 2024
La Commission de régulation de l’énergie a annoncé une hausse du tarif d’utilisation du réseau de gaz pour financer l’entretien et les nouvelles infrastructures nécessaires au développement du biométhane. Le nouveau tarif ATRD7 s’appliquera aux réseaux de distribution de gaz naturel de GRDF à partir du 1er juillet 2024, pour une durée de quatre ans. Cette hausse aura un impact sur la facture du consommateur résidentiel à partir du 1er juillet 2024, entre 5,5% et 10,4%. L’impact sur les entreprises n’a pas encore été évalué.
Hausse de la TICGN depuis le 1er janvier 2024
Gelée depuis 2019, la TICGN voit son taux augmenter pour passer de 8,37€/MWh à 16,37€/MWh, soit presque le double. Cette augmentation fait suite à un rattrapage du planning initial du gouvernement pour la hausse de cette taxe. En effet, depuis 2016, un calendrier de hausse de cette taxe avait été élaboré, avec une hausse progressive de la TICGN chaque année. Or, avec la crise des gilets jaunes en 2019, les hausses programmées ont été gelées. Ce gel était encore en vigueur l’an dernier, et prend donc fin cette année.
Rappel des évolutions du prix du gaz naturel en 2023
Entre mars et juin 2023, une stabilisation des prix du gaz naturel autour des 50 euros/MWh
Le prix du gaz naturel est de 45,678€/MWh pour l’année de livraison 2024 (43,058€/MWh pour 2025). Ce tarif correspond à une baisse de 14% entre le 17 octobre et le 17 novembre 2023. Cette baisse du prix du gaz s’explique par des températures chaudes qui limitent la demande, des livraisons en GNL suffisamment importantes pour approvisionner l’Europe et préparer les stockes pour l’hiver prochain. Les spécialistes évoquent un stockage à 100% des capacités à la fin août. L’approvisionnement en gaz norvégien est également à pleine capacité.
Une maintenance en Norvège en juin 2023 réduit les volumes de gaz disponibles
Durant le mois de juin, une maintenance sur les terminaux norvégiens a réduit les volumes de gaz naturel disponibles en Europe, occasionnant une augmentation de 23% pour 2024 au cours du mois. Néanmoins, le prix spot du gaz naturel est toujours inférieur au prix annuel, ce qui favorise le stockage. En effet, le niveau de stockage est aujourd’hui à 80% en Europe, et devrait atteindre les 100% d’ici Novembre. Pour 2025, le prix du gaz naturel est de 43,33€/MWh, soit une hausse de 11% sur le mois.
Au cours du mois de juillet 2023, le prix du gaz naturel a oscillé entre 48€ et 53€/MWh pour l’année 2024, et entre 41€ à 46€/MWh. Cette stabilisation démontre une période d’attente durant cette période estivale, et devrait prendre fin début septembre, avec la reprise d’activité. De plus, l’approche de l’hiver 2023-2024 devrait influencer les cours des prix du gaz naturel, selon la capacité de l’Europe à répondre à la demande énergétique.
Une stabilisation des prix du gaz naturel durant l’été 2023
Au cours de la période estivale, le prix du gaz naturel pour l’année de livraison 2024 s’est stabilisé à 45,711€/MWh au 2 octobre 2023. Cette stabilisation correspond à une demande réduite durant la période estivale, couplée à une bonne livraison de GNL en Europe et une bonne production des EnR. Pour l’année de livraison 2025, le prix du gaz naturel s’établie à 43,446€, soit un prix relativement stable depuis la mi-juin. Les grèves en Australie et les maintenances en Norvège ont eu un impact réduit et limité dans le temps sur le prix du gaz naturel en France.
Le mois de novembre 2023 très volatile avec les tensions géopolitiques
Plusieurs perturbations sont arrivées sur le marché du gaz naturel, occasionnant une hausse de 27% entre le 5 et le 13 octobre. En cause, il y a :
- le déclenchement d’une guerre entre Israel et la bande de Gaza. Cette nouvelle impacte le marché du pétrole, et donc par extension, le transport des volumes de GNL et le marché de l’électricité. Des installations gazières israéliennes ont notamment été fermées par mesure de sécurité ;
- l’explosion d’un gazoduc, le balticconnector, entre la Finlande et l’Estonie, lié possiblement à un sabotage. Cette découverte jète un froid sur la sécurité des installations européennes de transport de gaz naturel, et réduit par la même occasion les volumes disponibles ;
- la reprise des grèves en Australie, au sein des sites GNL détenus par Chevron. Des baisses de volumes disponibles est à craindre.
Néanmoins, début novembre, des fondamentaux très positifs ont permis de retrouver des niveaux tarifaires comparables aux niveaux de début octobre. Entre le 23 octobre 2023 et le 3 novembre 2023, le prix de l’électricité pour 2024 a baissé de 12%. Cette baisse est liée à des niveaux de stock européens de gaz naturel remplis à 99,55%, couplée à des températures douces pour la saison et un afflue important en LNG. Pour l’année 2025, le prix a baissé de 6% sur cette même période, pour atteindre 49,236€/MWh.