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La tendance du marché de l’énergie – Mars 2022

Dans la continuité de février, la tendance marché de mars montre une volatilité très forte sur les cours des marchés énergétiques à court terme, causés par un contexte géopolitique tendu et une production d’énergie limitée. 

 

Quel est le contexte actuel ? 

 

Les sanctions envers la Russie rythment les prix de l’énergie en Europe

 

Depuis le début de la crise sanitaire, les prix du gaz, du pétrole et de l’électricité ont connu une forte hausse, causée par une baisse des disponibilités énergétiques de l’Europe. Face au maintien des attaques envers l’Ukraine, l’Europe envisage de nouvelles sanctions, cette fois-ci sur le pétrole. Un embargo sur le pétrole Russe est discuté par l’Europe pour accroître la pression économique sur le Kremlin. Si cette nouvelle sanction est prise, cela devrait soutenir la hausse des prix. De plus, les tensions actuelles en France sur le prix des carburants pourraient ainsi se prolonger, face à cette hausse potentielle du cours du baril de pétrole. 

 

Pour compenser cette potentielle perte du pétrole russe sur le marché mondial, l’UE et les Etats-Unis pourraient se tourner vers les ressources pétrolières de l’Iran, ou encore du Vénézuela. Néanmoins, la véritable question sur l’approvisionnement pétrolier va se porter sur les comportements que vont adopter les membres de l’Opep+, concernant les niveaux de production, face à cette crise diplomatique en Europe.

 

En plus des diverses sanctions économiques, l’Union Européenne travaille actuellement pour mettre un terme, d’ici 2027, à sa dépendance énergétique envers la Russie. Ursula von der Leyen devrait annoncer dans les semaines à venir les différentes modalités de ce plan. Parmi les actions envisagées, des mesures pour accélérer la transition énergétique des pays européens. De nombreux projets en énergies renouvelables en France et en Europe pourraient ainsi être facilités, afin d’en accroître rapidement l’autonomie énergétique. 

 

Le 25 mars, l’Europe et les Etats-Unis ont annoncé leur accord pour réduire à long terme la dépendance énergétique de l’Europe envers la Russie. Les Etats-Unis s’engagent à fournir près de 15 milliards de mètres cubes de GNL à l’Europe en 2022. Cette annonce devrait rassurer à court terme les cours du gaz naturel. 

 

Des actions pour limiter la demande énergétique

 

Pour contrer la hausse des prix et devenir plus autonome face à l’énergie Russe, l’Europe et la France travaillent sur plusieurs actions pour limiter la demande énergétique. Pour combler les volumes de gaz russe consommés en Europe, la Commission Européenne estime qu’une réduction de la consommation énergétique est nécessaire. 

 

L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a ainsi listé une dizaine d’actions pour limiter la demande énergétique européenne. Parmi ces actions, on retrouve : 

  • réduire de 10 km/h la vitesse sur les autoroutes ;
  • réduire la température du chauffage d’un degré ;
  • favoriser le télétravail 3 jours par semaine ;
  • inciter à l’usage du transport en commun ;
  • mettre en place des dimanches sans voiture dans les villes. 

 

En plus de ces diverses actions de la part des consommateurs particuliers, les entreprises ayant une consommation importante de gaz naturel vont devoir adapter leurs volumes de consommation. Des restrictions devraient être mises en place, ce qui devrait impacter dans le même temps le niveau des croissances économiques française et mondiale.

 

Au-delà des recommandations et restrictions potentielles sur l’usage de l’énergie, la France va augmenter, à partir du 15 avril, les aides de MaPrimeRénov, concernant le remplacement des chaudières à gaz et fioul. Cette augmentation de l’aide financière va être de 1000€, sans prise en compte des catégories de revenus. En regroupant les CEE et MaPrimeRénov, l’État propose jusqu’à 9000€ d’aides pour ce type d’opération. 

 

Dans le même temps, les demandes pour bénéficier d’aides pour l’installation de chaudières à gaz très performantes ne seront plus possibles à partir du 1er janvier 2023. 

 

Un plan de résilience annoncé par le gouvernement français pour contrer la hausse des cours de l’énergie

 

Les entreprises vont bénéficier d’une prise en charge financière d’une partie des dépenses énergétiques de la part de l’Etat 

 

Une prise en charge de la moitié du surplus des dépenses énergétiques par l’Etat va concerner toutes les entreprises :

  • dont le budget énergétique représente moins de 3% du chiffre d’affaires ;
  • connaissant d’éventuelles pertes sur 2022, suite à la hausse des prix de l’énergie ;
  • à condition d’une augmentation de 40% des dépenses énergétiques depuis le début de la crise ukrainienne.

Des mesures « Covid » réactivées pour aider la trésorerie des entreprises

 

Les entreprises vont pouvoir bénéficier de nouveau des Prêts Garantis par l’Etat, à hauteur de 35% du chiffre d’affaires jusqu’au 30 juin 2022. A partir du 1er juillet 2022, un nouveau PGE sera mis en place, à hauteur de 10% du chiffre d’affaires.   

 

De plus, les entreprises vont pouvoir également bénéficier de reports sur le paiement des cotisations fiscales et sociales. Enfin, l’Etat prévoit, au travers de ce plan de résilience, un allongement à 12 mois du dispositif d’activité partielle de longue durée. 

 

Une hausse exceptionnelle du plafond ARENH, de 20 TWh supplémentaires en 2022

 

En plus de ces mesures destinées directement aux entreprises, le gouvernement a décidé d’augmenter exceptionnellement pour 2022 le plafond du dispositif de l’ARENH pour les fournisseurs alternatifs. Il passe ainsi de 100 TWh à 120 TWh. Les fournisseurs vont donc pouvoir compléter leurs volumes d’approvisionnement à un prix abordable pour l’année en cours. Ces volumes supplémentaires vont s’échanger à :

 

  • 42€/MWh, pour 15,806 TWh ;
  • 46,2€/MWh pour 4,194 TWh. 

 

Principale conséquence, une légère baisse devrait intervenir sur les factures d’électricité des entreprises concernées par l’écrêtement de fin 2021. 

 

Un niveau de production en énergie toujours restreinte

 

Sur l’ensemble des marchés énergétiques, le niveau de production est toujours limité. Sur le marché du pétrole, plusieurs réunions ont eu lieu entre les dirigeants européens et les pays producteurs, pour demander une hausse des niveaux de production. Les membres de l’Opep+, dont la Russie fait partie, ont organisé fin mars une réunion pour planifier les niveaux de production à venir. 

 

Actuellement, les niveaux de production de pétrole sont toujours en-deçà des niveaux post-covid. Au-delà des contraintes techniques, les pays producteurs restent méfiants concernant les niveaux de demande à venir, à cause d’éventuels confinements. En effet, lors du premier confinement, les pays producteurs ont connu des pertes importantes et semblent vouloir profiter des conditions actuelles pour rattraper le manque à gagner de début 2020. 

 

Les réserves stratégiques en pétrole des pays ont été entamées, pour limiter la hausse des cours. Néanmoins, face à la forte demande au niveau mondial, ces derniers restent très hauts. 

 

En ce qui concerne le gaz, la situation est similaire. En effet, là-encore, la Russie est un exportateur important de gaz naturel au niveau mondial. Les incertitudes autour des niveaux d’approvisionnement de la Russie vers l’Europe causent des évolutions importantes du prix de la molécule. Sans accalmie à ce niveau, les prix du gaz devraient rester élevés, surtout à court terme.

 

Le point sur le marché de l’électricité

Depuis le début de la crise en Ukraine, les prix de l’électricité ont connu une forte augmentation, surtout sur les années de livraison à court terme. Un pic a été atteint à 224€/TWh pour le CAL 2023, niveau comparable aux prix de la fin du mois de décembre 2021. Cette volatilité à court terme est moins présente sur les calendriers de livraison à plus long terme (2024, 2025). Par exemple, le prix du CAL 2024 se situe autour de 120€/MWh, soit un prix divisé par deux par rapport à 2023.

 

En plus de cette crise géopolitique, la faible disponibilité nucléaire en France, liée aux problèmes de corrosion, et des vents faibles, limitent les niveaux de production d’électricité. Une fois combinés, ces différents éléments maintiennent les niveaux de prix.  

 

Dans les prochaines semaines, le prix de l’électricité sur les différentes années de livraison va être corrélé avec l’évolution de la crise russo-ukrainienne, et l’évolution des cours du gaz naturel. 

 

Le point sur le gaz naturel

 

Evolution prix gaz naturel en 2022

 

Le marché du gaz naturel est le plus impacté par la crise en Ukraine. Les prix sur le calendrier 2023 ont connu une forte hausse, autour des 80€/MWh, à l’annonce de l’invasion de l’Ukraine par la Russie à la fin du mois de février. Ensuite, avec les différentes sanctions prononcées par l’Europe, les prix se sont maintenus autour des 70-80€, avec une forte volatilité. Puis, à l’annonce de négociations entre la Russie et l’Ukraine, les prix sont légèrement descendus à 62€ au 17 mars. 

 

Fin mars, les prix du gaz naturel ont connu une nouvelle hausse liée à l’incertitude sur le niveau des approvisionnements futurs en Europe, avec les possibles nouvelles sanctions envers la Russie. En effet, l’annonce de Vladimir Poutine de payer l’énergie en rouble a inquiété les marchés. 

 

Dans les prochaines semaines, le cours du gaz devrait poursuivre sa forte volatilité et dépendre des agissements russes, et des baisses de température annoncées en France.

 

Le point sur le carbone

 

Evolution prix tonne de carbone 2022

 

Le marché du carbone a connu une forte baisse début mars, par un départ soudain et important de nombreux spéculateurs sur le marché. Ceux-ci ont souhaité récupérer des liquidités pour maintenir des positions stratégiques sur d’autres places de marché qui connaissent des perturbations importantes, liées à la crise ukrainienne. 

 

Entre fin février et début mars, le cours du carbone a chuté de 37%, pour passer de 94$ à 58,36$ la tonne de carbone émise. Puis, sur la seconde semaine de mars, le cours de la tonne de carbone est remonté. Les spéculateurs ont estimé que le marché était au plus bas, avec de belles opportunités à saisir. Depuis, le marché s’est stabilisé autour des 77 – 80$/T, dans l’attente des évolutions sur l’usage des énergies fossiles. 

 

Le point sur le pétrole

 

Comme le marché du gaz, le cours du pétrole est très largement impacté par les conséquences de la crise en Ukraine. En effet, la Russie est le deuxième producteur de pétrole au monde. Par ailleurs, elle fournit à l’Europe 4,5 milliards de barils/jour. 

 

Ainsi, début mars, le cours du pétrole est passé de 98,1$/baril (un niveau historique !), à 129,1$/baril, soit une hausse de 31% en 3 jours. Puis, à la suite de l’annonce de négociations entre l’Ukraine et la Russie, combinée aux confinements mis en place en Chine, les prix du pétrole ont connu une baisse à la mi-mars. Le baril de Brent s’est échangé à 97,95$/baril, un niveau comparable à celui d’avant la guerre entre la Russie et l’Ukraine.

 

Puis, à la fin du mois de mars, les cours ont repris une tendance haussière très forte pour atteindre 116$, causée par de nouvelles sanctions possibles de l’Europe sur le pétrole russe. Les prochaines semaines devraient s’inscrire dans la continuité du mois de mars, avec un prix du pétrole très volatil et dépendant des décisions gouvernementales. 

 

Le point sur le charbon

 

Evolution prix tonne de charbon en 2022

 

Enfin, comme tous les autres marchés, le charbon a connu un fort sursaut début mars, lié à l’étude de plusieurs gouvernements d’utiliser du charbon pour compenser la perte potentielle d’approvisionnement en gaz russe. Ainsi, le cours est passé de 190$/T à près de 438$/T le 8 mars, soit une hausse de 130%. Par la suite, les cours sont retombés autour de 270$/T, car le confinement actuel en Chine limite la demande mondiale. 

 

Ainsi, on constate sur ce mois de mars que, malgré un hiver doux et une baisse progressive de la demande énergétique, les cours du marché connaissent des niveaux de prix très élevés. En grande partie, ils dépendent de la relation entre l’Europe et la Russie. Si l’Union Européenne arrive à trouver de nouveaux accords pour diversifier son approvisionnement énergétique, tels que ceux trouvés avec les USA, les cours pourraient connaître une baisse à court terme. 

 

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