Après une fin d’année 2021 très tendue sur l’ensemble des marchés énergétiques (électricité, gaz naturel, charbon…), la tendance du mois de janvier sur les marchés de l’énergie montre une certaine accalmie au niveau des prix. Dans cet article, les experts d’Optima Energie vous présentent les évolutions des prix, ainsi que la tendance du marché sur les prochaines semaines.
Quel est le contexte actuel sur les marchés de l’énergie ?
Une météo clémente donne du répit aux marchés
Au début du mois de janvier, la tendance marché de l’énergie les prix de l’électricité comme du gaz naturel ont baissé de près de 47% pour l’électricité, et de 22% pour le gaz naturel. Cette baisse importante des prix des énergies est liée à une température plus douce que la normale. Par exemple, au 1er janvier 2022, il a fait 16,8 degrés à Caen, soit 8 degrés de plus que la moyenne de saison. Cette douceur a donc influé à la baisse la demande énergétique totale en France. Selon Météo France, cette douceur devrait être présente jusqu’à la fin du mois de janvier.
Des marchés de l’énergie sous influence géopolitique
Des manifestations au Kazakhstan ont influencé grandement les marchés de l’électricité et du pétrole début janvier.
En ce qui concerne l’électricité, la production d’uranium a été limitée, voire bloquée pendant plusieurs jours. Or, le Kazakhstan est l’un des principaux fournisseurs d’EDF de ce minerai pour faire tourner les centrales nucléaires françaises. Il représente près de 20% de la fourniture d’uranium pour EDF. A la mi-janvier, la situation s’est assagie, laissant retomber un peu la pression. Néanmoins, la capacité de production électrique sur fin janvier et début février reste pour l’heure tendue.
Pour ce qui est du pétrole, la production a également été fortement impactée par ces manifestations. Sur un marché qui connaît actuellement des difficultés pour répondre à la forte demande, le blocage de certaines raffineries est mal tombé. Pour rappel, le Kazakhstan est le second producteur de pétrole parmi les membres de l’Opep, juste derrière la Russie. Le pays possède d’ailleurs la deuxième réserve de pétrole brut au monde. Là aussi, la fin des manifestations a permis la reprise d’une production stable. Cette nouvelle a entrainé une légère accalmie sur les prix de l’énergie.
Enfin, sur le marché du gaz, les tensions actuelles entre la Russie et l’Europe, au sujet de l’Ukraine, accroissent l’incertitude autour de la capacité de l’Europe à répondre à la demande hivernale. Les agissements de la Russie envers l’Ukraine déplaisent fortement aux dirigeants européens, et notamment aux dirigeants allemands. Cela a eu pour conséquence :
- Une mise à l’arrêt par l’Europe des travaux sur le Nord Stream 2, nouveau gazoduc reliant la Russie à l’Europe, par l’Allemagne ;
- Une limitation du niveau de fourniture en gaz naturel par la Russie vers l’Europe.
Si on ajoute à cela la forte demande énergétique dans le monde, et le faible niveau des stocks de la France en gaz naturel (48%), on a un maintien des prix pour le gaz naturel à des niveaux très hauts par rapport à l’an dernier.
Un marché de l’électricité en recherche d’énergie pour passer l’hiver
Le marché de l’électricité est une nouvelle fois en tension, pour répondre à la demande hivernale importante. Les arrêts de fonctionnement de 5 réacteurs nucléaires, aux centrales de Chooz, de Chivaux, et de Penly-1, limitent la capacité de production d’électricité de la France. Des défauts sur le circuit de refroidissement de secours, et des problèmes de corrosion ont été détectés, et doivent donc être rétablis avant leur remise en service.
Ces défauts, détectés par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, remettent en cause l’approvisionnement électrique sur les prochaines semaines. En effet, EDF a annoncé que ces réacteurs, les plus puissants et récents du parc nucléaire français, ne seraient de nouveau opérationnels que fin mars et courant avril.
Au total, il y a actuellement 10 réacteurs sur 56 (dont les 4 les plus puissants) à l’arrêt. Cela complique l’approvisionnement en énergie pour RTE. Le gestionnaire de réseau doit se passer de près de 20% de la capacité nucléaire en pleine période hivernale. Pour rappel, les centrales nucléaires représentent près de 67% de la production totale d’électricité.
La situation sur le marché du gaz influence également les prix sur l’électricité. En cette période hivernale, les centrales à gaz pour la production d’électricité sont sollicitées. Elles permettent de soutenir la production des centrales nucléaires, et pallier aux faibles niveaux de production des ENR. Or, si le prix du gaz se maintient à des hauts niveaux, cela va entraîner une hausse des prix de l’électricité.
Pour faire face à cette situation tendue sur l’électricité, et aider les consommateurs, l’Etat Français a pris des mesures protectionnistes exceptionnelles, valables pour l’année 2022 :
- Un volume supplémentaire de 20 TWh d’ARENH sera livré au prix de 46,2 €/MWh. Les modalités seront précisées prochainement par le régulateur ;
- Une baisse de la TICFE / CSPE au 1 février 2022 à son niveau minimum prévu par le droit européen, soit 0,5 €/MWh au lieu de 22,5€/MWh en taux plein ;
- Un blocage de la hausse des tarifs réglementés de vente de l’électricité à 4% TTC, au 1er février pour les consommateurs résidentiels et les petits consommateurs professionnels.
Quel est l’impact sur les prix de l’énergie ?
Le point sur le marché de l’électricité
Après des niveaux records sur le mois de décembre, atteignant les 407,5 €/MWh le 22 décembre, le CAL N+1 a connu une baisse importante avec le passage à la nouvelle année. Le CAL 2023 se situe aujourd’hui autour des 130€/MWh. Cela reste néanmoins des niveaux historiquement très hauts. À titre de comparaison, en 2021 à la même période, la CAL N+1 se situait à 52€/MWh.
Entre les arrêts de nombreux réacteurs nucléaires et les périodes de froid annoncées au cours du mois de février, une hausse de la tension sur le réseau électrique est à prévoir, avec des prix à la hausse. Les semaines à venir vont être complexes pour RTE et les producteurs d’électricité.
Le point sur le marché du gaz naturel
Comme l’électricité, les prix du gaz naturel sur le CAL N+1 ont connu une baisse significative au passage de la nouvelle année (-49,9%), pour s’établir autour des 45 €/MWh. L’an dernier, à la même époque, le prix du gaz naturel N+1 s’établissait autour de 21 €/MWh. De plus, les réserves de gaz naturel en France restent faibles pour la saison. Le taux de remplissage de la France est de 48%.
Avec les tensions existantes entre la Russie, et malgré une hausse de l’offre venant des Pays-Bas, le marché du gaz naturel devrait se maintenir à des niveaux élevés. D’autant plus si la période de froid annoncée en France courant février est longue et que le cours du carbone poursuit sa hausse.
Le point sur le marché carbone
Depuis le mois de novembre 2021, le cours du carbone a une tendance haussière, et atteint des records. Au 10 janvier 2022, le carbone a connu un pic à 88 €/t, un record. Cette tendance est influencée par la spéculation autour du marché. En effet, la stratégie de l’Europe de réduire les quotas d’émission pousse des agences à acheter des droits d’émission de CO2, pour les revendre à des prix plus hauts à long terme. Au milieu du mois de janvier, le prix du carbone a connu une baisse de 9% en une semaine. Cette baisse fait suite à l’accalmie des derniers jours sur le marché du gaz naturel.
Pour autant, la tendance à long terme du carbone devrait s’inscrire à la hausse, à cause des politiques européennes pour soutenir et accélérer la transition énergétique. Les cours du gaz naturel devraient suivre cette tendance.
Le point sur le marché du pétrole
Le marché du pétrole a été en hausse sur les deux premières semaines du mois de janvier. Le baril de Brent a ainsi dépassé les 80 dollars, pour s’établir au 9 Janvier à 81,53 $. Cette hausse a été causée par les manifestations au Kazakhstan et l’instabilité en Libye autour de l’élection présidentielle. Ces deux événements ont apporté de l’incertitude supplémentaire sur un marché déjà en délicatesse pour répondre à la forte demande.
En effet, la forte reprise économique mondiale pousse les marchés de l’énergie, dont le pétrole, à suivre des cadences soutenues de production. Or, les pays producteurs de pétrole n’arrivent pas à répondre totalement à la demande émise.
Mi-janvier, le Kazakhstan et la Libye ont annoncé une accalmie sur leur situation respective. La production de pétrole a pu reprendre des niveaux normaux. Cela a permis au cours du pétrole d’enregistrer une légère baisse, et clôturé à 80,87$ le 12 janvier.
Néanmoins, le marché reste tendu car les niveaux de production restent restreints par rapport au niveau de la demande mondiale. Pour preuve, au 17 janvier, le cours du Brent de pétrole est remonté à 86,06 $. Ce prix s’approche du record d’octobre 2021. Deux facteurs causent cette hausse des prix :
- Une baisse des températures au niveau mondial ;
- L’arrivée prochaine du pic de contamination au variant Omicron.
Ainsi, d’ici le mois de février, le marché du pétrole devrait évoluer selon :
- les évolutions du niveau de la demande ;
- la capacité à maintenir des niveaux de production élevés.
Le point sur le marché du charbon
Le niveau de prix important sur le marché gazier, accompagné par la reprise économique mondiale, maintient la demande mondiale de charbon à des niveaux conséquents. Selon les estimations pour l’année 2021, la demande de charbon pourrait croître de 6% par rapport à 2020.
Ce marché est principalement influencé par la Chine, et l’Inde, les deux plus gros consommateurs de charbon au monde. Ces deux pays utilisent cette source d’énergie pour alimenter leurs usines et faire fonctionner leur économie. Or, avec les différents confinements et les retards de livraison, les usines tournent aujourd’hui à plein régime.
Cela a entraîné une forte hausse de la demande en charbon, à la reprise en septembre. Au niveau mondial, cela est une des causes du niveau de prix actuel du gaz naturel. En effet, plusieurs pays ont délaissé, un temps, le charbon, au profit du gaz naturel, pour produire de l’électricité. La demande de la Chine et de l’Inde était telle que les autres pays avaient des difficultés à se fournir en charbon. Ils ont dû, par la force des choses, utiliser le gaz naturel pour produire de l’électricité.
A la mi-janvier, les cours du charbon ont connu une nouvelle hausse. Les prix ont atteint les 160$ la tonne, causée par l’arrivée de vagues de froid aux Etats-Unis et en Chine. La tendance sur début 2022 devrait être stable, voire légèrement haussière. Les évolutions des prix vont dépendre de la demande mondiale et les mesures contre le réchauffement climatique. A titre de comparaison, début 2021, la tonne de charbon était estimée autour des 65 dollars.
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