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La tendance marché de l’énergie – Juillet 2022

La tendance sur le mois de juillet met en avant une évolution majeure dans la structuration du marché de l’électricité, et une incertitude grandissante sur le gaz naturel. Ces nouveaux changements encouragent la hausse des prix de l’énergie. 

 

Quel est le contexte actuel ?

 

Le gouvernement va renationaliser EDF, pour accélérer les projets de transition et d’indépendance énergétique 

 

Bruno le Maire, ministre de l’Economie, a annoncé le 10 juillet le souhait du gouvernement de racheter les parts d’EDF détenues par des actionnaires privés. L’opération consiste à racheter 16% des parts d’EDF, pour détenir 100% du capital de l’entreprise. Ce rachat des parts est estimé entre 8 et 10 milliards d’euros. 

 

Cette renationalisation d’EDF entre dans le cadre du plan de développement du parc nucléaire français. Cela va permettre à l’État de gagner un temps précieux dans la phase de décision des investissements. Le second bénéfice est de racheter la dette nette du groupe, estimée à 44 millions d’euros. Cette action du gouvernement met une incertitude supplémentaire quant à la suite du rôle d’EDF sur le marché de l’électricité (ARENH). 

 

Mi-juillet, le Nord Stream 1 à l’arrêt a causé une explosion des prix du gaz et de l’électricité

 

La Russie, au travers de son fournisseur Gazprom, a décidé de couper la livraison de gaz naturel vers l’Europe, pour des maintenances pour une période de 10 jours. Ces maintenances sont prévues depuis de nombreuses semaines sur les deux gazoducs. Néanmoins, avec le contexte de forte tension géopolitique entre l’Europe et le gouvernement Russe, il y a de réelles inquiétudes sur la suite des livraisons. L’Allemagne, pays encore très dépendant du gaz russe, craint une coupure totale des livraisons. La France pense également que la Russie ne reprendra pas la livraison de gaz vers l’Europe. 

 

Cet arrêt a provoqué une hausse record des prix du gaz naturel et de l’électricité, sur les différentes années de livraison (2023, 2024 et 2025). Entre le 1er et le 12 juillet, le prix de l’électricité, pour 2023, a augmenté de 27%, pour atteindre 463 euros/MWh, un record. 

 

Après avoir baissé une première fois les volumes de gaz livrés à 40% des capacités du Nord Stream 1, la Russie a procédé à une nouvelle réduction des volumes livrés, à hauteur de 20% des capacités du Nord Stream. La Russie justifie ces réductions par des problèmes de turbines sur les systèmes de pressurisation. 

 

Préparation par l’Union Européenne d’un plan de réduction de 15% des volumes de gaz consommés

 

Pour faire face à la baisse des volumes de gaz russe livrés, l’Union Européenne travaille sur un plan de réduction des volumes de gaz consommés. L’objectif est de réduire de 15% la consommation de gaz, par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Cette réduction de la consommation est prévue entre août 2022 et mars 2023. 

 

Pour y parvenir, Bruxelles demande aux 27 pays de l’UE de réduire l’usage de la climatisation et du chauffage dans les commerces et bâtiments publics. En plus de ces deux mesures, l’Union Européenne incite les ménages à réduire de 1 degré le chauffage, et de recourir à des pompes à chaleur. 

 

Ces mesures permettraient d’éviter la consommation de 10 milliards de m3 de gaz chaque année. Même si les ménages sont invités à faire des efforts, ces mesures vont surtout concerner les entreprises et les administrations, car elles représentent à eux deux 63% de la demande de gaz.

 

Le gouvernement espagnol et portugais ont déjà déclaré qu’ils s’opposeraient à ce plan, car les deux pays ont besoin du gaz pour répondre à la demande intérieure. Par exemple, cet été, le Portugal a augmenté sa demande de gaz pour faire face à la sécheresse exceptionnelle.

 

La France, de son côté, prépare plusieurs mesures pour réduire de 15% la consommation de gaz. Parmi ces mesures, on peut citer :

 

  • l’interdiction prochaine de l’usage de la climatisation et du chauffage, en cas de portes laissées ouvertes par les commerçants ;
  • la généralisation de l’interdiction des publicités lumineuses entre 1h et 6h du matin, à l’exception de celles des aéroports et des gares.

 

Première injection dans le réseau gazier français de méthane de synthèse

 

Pour la première fois en France, un nouveau type de gaz a été injecté sur le réseau. Il s’agit de gaz de synthèse issu de la méthanation. Ce procédé associe de l’hydrogène avec du CO2 produit par le méthaniseur. Les installations méthanières produisent du biogaz, à partir de déchets organiques, mais rejettent également du CO2. Ainsi, grâce à ce procédé, le CO2, initialement rejeté dans l’atmosphère, est exploité pour produire du gaz synthétique. 

 

GRDF et Engie ont effectué avec succès les tests d’injection entre le 4 et le 6 juillet 2022, dans l’Oise. D’ici 2050, certaines projections estiment une production de 50 TWh de gaz synthétique injectée sur le réseau. D’ici 2025, les parties prenantes tablent pour le développement d’une dizaine de projets, et une soixantaine, d’ici 2030. 

 

Point sur le marché de l’électricité

 

 

Le prix de l’électricité a progressé de 36% au cours du mois de juillet, pour l’année de livraison 2023, et atteint la barre des 500 euros/MWh, un record. Entre les livraisons sur les restrictions des livraisons du Nord-Stream 1 et des pics de chaleur, réduisant la productivité des centrales nucléaires, les prix s’envolent. Les prochaines semaines devraient s’inscrire dans la continuité, car les acteurs de l’énergie tentent d’anticiper l’hiver prochain. 

 

Selon la CRE, des anticipations de forte pénurie ou des primes de risque élevées sur le marché s’ajoutent aux hausses réelles liées à l’état du marché. Cela explique pourquoi les prix sur 2024 et 2025 restent plutôt stables, respectivement autour de 250€/MWh et 200€/MWh.

 

Point sur le marché de gaz naturel

Prix gaz naturel juillet 2022

La fin de juillet connaît de nouvelles hausses records pour le prix du gaz naturel, avec une pointe à 147€/MWh pour l’année de livraison 2023. Sur le mois, le prix du gaz a augmenté de 30%. Cette augmentation est la conséquence directe des réductions drastiques sur les volumes de gaz russe livrés. Dans le cas d’une prolongation des restrictions des volumes livrés par la Russie, le CAL 2023 devrait poursuivre sa hausse tarifaire. En effet, l’Europe connaîtrait une pénurie de gaz pour l’hiver prochain.

 

Dans une moindre mesure, le CAL 2024 connaît également une hausse des prix car les acteurs du marché anticipent une difficulté à obtenir des volumes suffisants pour faire face à la demande. Le prix atteint ainsi les 87€/MWh et devrait continuer à augmenter à l’approche de 2024.

 

Point sur le marché de charbon

Prix charbon juillet 2022
Soutenu par les difficultés sur les livraisons de gaz et la production d’électricité, l’Europe a recours au charbon pour faire face à sa demande énergétique. Pour rappel, la France, l’Allemagne ou encore l’Autriche ont récemment annoncé la réouverture ou le prolongement d’activités de ces centrales au charbon. Ces décisions provoquent une tendance haussière sur le mois de juillet, et s’approchent des 400 euros, une première depuis début mars. Si la situation sur le marché du gaz se tend davantage, le prix du charbon pourrait battre des records dans les prochaines semaines. La reprise économique en Chine et en Inde pourrait favoriser cette hausse.

 

Point sur le marché carbone

Prix carbone juillet 2022

 

Sur les derniers jours de juillet, le prix de la tonne de carbone émise a soudainement chuté, autour des 76$/t. Cette baisse correspond aux politiques européennes favorisant l’usage à court terme du charbon en Europe. Cela a réduit la spéculation sur le marché. Sur les prochaines semaines, le cours devrait être influencé par les actualités sur le gaz et le charbon, et les stratégies de l’Europe concernant la transition énergétique.

 

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